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Cavalcade milanaise

Borne métro Lyon

En compagnie d’une  personne  voyante, je dois effectuer par le train un déplacement depuis Ancona en Italie, jusqu’à Lyon Part-Dieu. Nous avons  une  correspondance à Milan avec changement de gare (arrivée à Milan centrale pour repartir de Milan Garibaldi).

Les deux gares sont assez proches : deux stations de métro les séparent.

Nous avons une heure et 18 minutes  pour effectuer notre changement ; c’est confortable. D’autant plus confortable, que je devrais  bénéficier du service d’assistance à Garibaldi, puisque je l’ai sollicité par l’intermédiaire d’Accès Plus.

Mais ça commence mal : à Ancona, notre  premier train est annoncé avec un retard de 52 minutes. Si sur ses trois heures de trajet, il ne récupère pas une partie de son retard, il ne nous restera que 26 minutes pour la correspondance. Ce n’est pas impossible, à condition d’être également aidé en gare de milano Centrale et d’être propulsé dans un taxi dès notre arrivée.

Or, je n’ai pu bénéficier de l’assistance pour  le premier  tronçon, car je ne connaissais pas le mode d’emploi du service sur Trenitalia. Je profite donc de notre attente imprévue à Ancona pour me rendre au bureau d’accueil PMR.

L’employé est sceptique quant à la possibilité de réaliser notre correspondance, mais il enregistre sympathiquement ma demande : nous serons accueillis à notre descente du train puis conduits aussitôt vers un taxi.

Avec un peu de chance, le TGV pour Lyon aura lui-aussi du retard et cela nous laissera plus de temps. Ce n’est pas irréaliste… De toute façon, il faut aller au plus vite à la gare Garibaldi ; si nous avons manqué notre train, nous ferons le nécessaire sur place, mais il faut tout faire pour l’avoir car nous ne devons pas nous mettre en faute. Et puis, c’est le dernier de la journée.

Quand le train pour Milan entre en gare d’Ancona, il a 55 minutes de retard ; ça va être chaud… Ça l’est : le retard culmine à 1 heure et 5 minutes, pour finalement s’établir à 59 minutes quand le train s’immobilise sur son quai d’arrivée.

Nous avons anticipé : nous sommes les premiers en bas. Un agent d’assistance est là. Je lui emboîte le coude et lui explique la situation tout en remontant au pas de course le quai de cette gare en cul de sac.

Mon accompagnateur tire nos deux valises à roulettes. Nous filons comme des flèches dans le dédale des escalators.

Résultat : en moins de deux minutes, nous sommes dans un taxi qui part vers Garibaldi. Le chauffeur n’y croit guère, mais, grâce à une chance toute italienne dans la circulation, il nous dépose 10 minutes avant le départ de notre train.

J’ose croire que c’est gagné. Ça l’est : le TGV pour Lyon est annoncé au quai 15, le trajet est de plain-pied. Quand nous tournons pour prendre le quai 15, il reste 4 ou 5 minutes ; c’est bon, on peut ralentir l’allure, et même prendre le temps d’atteindre notre voiture par l’extérieur.

C’est alors que je suis interpellé par l’agent chargé de l’assistance. Il charge nos bagages sur le fauteuil roulant sur lequel j’aurais refusé de m’asseoir si on me l’avait demandé…

Il faut croire que nous avons même encore un peu d’avance, puisque l’agent prend le temps de discuter avec des cheminots.

Bilan : moins de 19 minutes pour faire une correspondance avec changement de gare, il n’y a que des déficients visuels qui puissent se le permettre. Je suis persuadé que les personnes valides qui étaient dans le même cas de figure que nous, ont manqué leur train pour Lyon : impossible en si peu de temps de rejoindre le métro, d’acheter le ticket puis d’attendre éventuellement la rame.

Même avec seulement deux stations… Car les circuits sont longs, comme j’ai pu le constater d’autres fois. Et même en taxi, s’il faut faire la queue, comme tout le monde…

Assis à nos places dans la rame TGV, nous savourons notre chance. Le manquer aurait été gênant, pour bien des raisons. Et pourtant, à Lyon, nous avons failli ne pas descendre et nous faire embarquer pour Paris…

En effet, en raison d’une manœuvre de raccordement, il nous avait été demandé d’attendre, de ne surtout pas tenter l’ouverture des portes. Nous avons donc attendu tranquillement. Quand j’ai entendu les portes s’ouvrir, j’ai attendu que mon accompagnateur réagisse : il verrait bien le moment opportun pour nous glisser parmi le flot des passagers.

Mais il ne le vit pas. C’est l’agent d’assistance PMR qui est venu nous sortir de notre insouciance… Ainsi n’irions-nous pas à Paris, dont les charmes sont certes inépuisables, mais dont nous n’aurions peut-être pas profité avec le maximum de sérénité…

Par Jean-Paul Chanel