Mardi 2 août, Point de Vue sur la Ville et plusieurs autres associations de personnes handicapées ont été invitées à découvrir la première portion des Voies Lyonnaises, quai Claude Bernard. Ces voies constituent le futur réseau de pistes cyclables séparées des voitures, sécurisées et confortables, à la mesure de l’engouement pour le vélo dans la Métropole de Lyon. Mais qu’en est-il des piétons ? Et des piétons handicapés ?
Premières impression des personnes déficientes visuelles
La partie piétonne le long de la voie cyclable est revêtue de gravillons. Ce sol meuble pose problèmes à la fois aux personnes mal-marchantes, aux utilisateurs de fauteuil roulant, mais aussi aux personnes déficientes visuelles qui se déplacent avec une canne blanche. En effet, l’irrégularité du sol ne permet pas un balayage fluide.
De plus, sur un tel sol, le repère que sont les BEV (bandes d’éveil de vigilance) au droit des passages piétons est réduit à néant car il n’y a plus aucun contraste visuel ni tactile. Ce dispositif est pourtant essentiel afin que les personnes déficientes visuelles localisent les traversées, d’autant plus qu’elles ne sont pas toutes équipées de feux sonores.
Une solution consisterait à poser de l’enrobé au niveau du passage piéton. Cela présenterait le double avantage d’intercepter les personnes déficientes visuelles sur leur cheminement pour leur indiquer l’emplacement de la traversée, et d’apporter un contraste visuel et tactile avec la bande d’éveil de vigilance.
Concernant les feux piétons, un des carrefours est équipé de feux sonores dont le message « rouge piéton » n’est pas personnalisé. Nous rappelons que c’est une obligation d’ajouter à la locution « rouge piéton » une indication géographique comme le nom de la rue. Sans cette indication, il est difficile de savoir quand traverser.
Le quai du bus est non-conforme. Aucun indice tactile ne permet de le localiser et il est entouré d’obstacles. Il n’est pas non plus équipé de BIV – borne d’information voyageurs, ce qui aurait permis de le localiser par le son grâce à la télécommande normalisée.
Deux passages piétons débouchent sur des arbres entourés d’un sol meuble. Il faudrait déplacer ces passages piétons, ou supprimer les arbres. Il y a parfois des choix à faire !
Enfin, nous avons relevé une zone de conflit très dangereuse. A un endroit se croisent les flux des cyclistes qui remontent des berges, les piétons et les cyclistes qui circulent sur les voies lyonnaises. Tout est de même niveau, sans aucun séparateur tactile qui aurait permis aux piétons déficients visuels, si ce n’est d’être en sécurité, au moins de pouvoir conserver leur trajectoire.
Nous regrettons une fois de plus que la cohérence et la lisibilité de l’espace n’aient pas été prises en compte en amont du projet. La réglementation est appliquée bêtement sans aucune réflexion sur la qualité d’usage. Nous avons encore le sentiment que les piétons, et notamment les piétons vulnérables, passent en dernier plan.
Il existe pourtant de nombreuses solutions capables d’améliorer la situation, par Exemple : bandes d’interception, bandes de guidage, repères tactiles et visuels…) malheureusement absentes de la première portion des Voies Lyonnaises. Nous espérons que la suite de l’aménagement nous bluffera par son exemplarité !