Étayent présents ce jour-là au siège du CARPA : la formatrice, les représentants des différents handicaps, 3 conducteur de bus (C3 et C20).
Ce lundi 16 novembre c’était la dernière session de sensibilisation des agents Kéolis de l’année. Il n’y a eu que 15 sessions durant tout 2015 alors qu’il y en a eu jusqu’à 29 en 2013 par exemple. Le nombre d’agents TCL devant participer à ces sessions de sensibilisation devrait augmenter significativement l’an prochain.
C’est aussi la première fois que des agents TCL n’ont pas posé de questions sur les conditions et l’actualité de vie des témoins des 4 handicaps représentés, c’est comme si ils savaient tout de nous… Cependant ils rencontrent bon nombre de handicapés sur le réseau et du coup ils sont très à l’écoute et en empathie avec eux.
Les témoignages des 3 conducteurs allaient tous dans ce sens, d’autant plus que le nombre d’utilisateurs handicapés a fortement augmenté, disaient-ils et nous avons ajouté : ceci grâce aux investissements faits pour rendre accessible le réseau…
Chacun des intervenants a pu exprimer ses satisfactions et ses attentes concernant cette fameuse accessibilité aux transports en commun.
De même nous avons appris tout ce à quoi est confronté un conducteur de bus, encombrement des voies de circulation, retard, fraude, comportement des voyageurs et cetera… Les bus et trams sont équipés de capteurs permettant de relever les montées et descentes de voyageurs, ainsi que le nombre de validation de tickets, permettant ainsi d’évaluer la fraude, d’où l’importance de composter sa carte d’abonnement pour ne pas gonfler artificiellement le chiffre et de se voir verbaliser en plus. Un bouton permet au chauffeur de mettre son bus en écoute auprès de la centrale de surveillance si nécessaire pour la sécurité. Les bus C3 sont longs et il est difficile d’apercevoir ce qui se passe au fond, les anciens modèles “Cristalis” étaient équipés de caméra intérieure orientable qui permettait une bonne vision de l’ensemble du bus, maintenant la caméra étant fixe, l’exploration est réduite, dommage disent certains agents. Quant à l’utilisation de la palette qui permet la montée et la descente des fauteuils roulants et autres poussettes et chariots à provisions, les conducteurs avouent ne pas avoir de problèmes avec son utilisation sauf lorsque le bus ne peut pas accoster l’arrêt en raison du sans gêne de certains automobilistes garés n’importe comment. Il est arrivé qu’un passager en fauteuil roulant ait dû descendre à l’arrêt suivant à cause de cela, rageant face à ce manque de civisme élémentaire… A la fin de chaque service, le bus subit un relevé informatique de toutes les données enregistrées dans la journée. C’est là que le décompte de la fraude est fait, permettant de prévoir les éventuels contrôles à mettre en place aux heures et endroits concernés.
En conclusion, c’est incroyable ce à quoi doivent faire face les agents de conduite, le contenu du bus, le bus lui-même, le timing du trajet et la centrale de contrôle, tout ça à la fois…
Le repas a fait place à l’humour et nos invités n’en manquaient pas. Un petit exemple, à ses débuts au TCL, un chauffeur nous racontait qu’un jour à Vaulx-en velin la ligne était déviée pour travaux. Comme il ne savait pas trop où il devait passer, il demande à une dame si elle pouvait lui indiquer le trajet à emprunter. Pas de problèmes, la dame fait le guide entre les immeubles, “vas-y mon fils, prends à droite, tout droit, prends à gauche, c’est bon arrête-toi là, c’est là que j’habite je vais descendre avec mon caddy”. “Et moi, où je vais, comment je retrouve ma route ? ” réclame le chauffeur. “Tourne 2 fois à droite et tu seras sur la route” lui répond la passagère qui rigolait en quittant le bus et son conducteur qui avait le sentiment de s’être bien fait avoir… C’était ses débuts, maintenant c’est lui qui fait des blagues aux clients…
L’après midi, comme d’habitude nous avons fait le parcours de mise en situation. Tout s’est bien passé, chacun des agents TCL a joué son rôle de handicapé sérieusement non sans mal pour le côté aveugle. La perte de repères a été le plus paniquant pour eux, les empêchant d’avancer parfois en apprenant l’arrivée d’escaliers par exemple. Mais nous n’avons laissé personne en chemin et tout le monde est bien rentré au bercail à 16 h 30.
Encore une journée que je ne regrette pas d’avoir passé au motif de la sensibilisation au handicap d’une petite partie cette fois du personnel TCL. Les agents de conduite sont ceux que l’on rencontre le plus et comme c’est nous qui montons dans les véhicules, il est bien qu’ils apprennent comment ça se passe et ce qu’il est possible de faire pour que les choses se passent mieux. Suite au prochain numéro l’année prochaine…
par Jean-Paul Ribeyron