Intervention du Professeur Jean-Louis TOURAINE , Adjoint au Sénateur-Maire de Lyon, chargé des déplacements, de la voirie, de la sécurité et de l’écologie urbaine :
– Quelles sont les causes des accidents de la circulation sur le Grand Lyon ?
– Comment les éviter ?
– Comment améliorer la sécurité routière pour tous par des aménagements ?
Les accidents dans le Grand Lyon :
Depuis 2003 le Grand Lyon a particulièrement travaillé sur les causes d’accidents afin d’améliorer la sécurité. Les choses avancent petit à petit ou, du moins ne s’aggravent pas, puisque, entre 2007 et 2011 on constate une certaine stabilité en nombre d’accidents : 1004/1006 accidents par année.
Les accidents comptabilisés sont ceux qui génèrent des Victimes blessés et hospitalisés.
Les études sont réalisées mode par mode et on peut ainsi avoir des donnés précises :
– les voitures ont plus d’accidents mais moins de blessés. Les personnes circulant dans leur Véhicule ont des blessures de gravité assez faible.
– Les motos ont les accidents les plus graves. On a 0,5% de personnes se déplaçant en mode moto mais il représente 35% des accidents. Il faudrait se pencher avec plus de ténacité sur cette réalité des 2 roues motorisées, le sujet est très préoccupant.
– les vélos : les personnes se déplaçant en vélos représentent 2% et les accidents sont de 10%. Le nombre des vélos circulant a été multiplié par 4 entre 1995 et 2012, et la courbe s’accentue, mais le nombre d’accidents a diminué par rapport à cette même année 1995. Le fait qu’il y a moins d’accidents signifie que leur grand nombre impose qu’ils soient mieux respectés. On rencontre le même phénomène dans les villes où il y a beaucoup de vélos.
– les piétons : ils sont avec les motos le mode de déplacement qui représentent les accidents les plus graves. Dans les accidents on compte 77%: de piétons renversés par des voitures, et 11% pour les 2 roues motorisées. Les causes principales sont la surprise du conducteur, le manque de visibilité, le tourne-à-droite ou à gauche le piéton passe au vert,, l’auto passe quand même. Dangereux aussi le piéton qui se faufile entre les voitures ou passe derrière un bus.
Quelques notes générales :
– 6 accidents sur 10 du Grand Lyon sont relevés à Lyon et Villeurbanne.
– La plupart ont lieu le jour, sur routes normales, sèches, non verglacée, aux heures de pointe et sont dues à un manque de vigilance sur le trajet domicile travail.
– Le plus grand nombre de personnes exposé est âgé entre 20 et 59 ans et il y a davantage d’hommes que de femmes impliqués dans ces accidents.
– Malgré le sentiment d’insécurité que représente les vélos, la gravité de leurs accidents est moindre et leur nombre moins important à Lyon et Villeurbanne que dans les agglomérations alentours.
– Les vélos sont impliqués davantage avec les voitures (75%) qu’avec les piétons (9,7%)
– 30% des accidents vélo-piétons concernent des personnes de plus de 60 ans, se méfier y compris sur les passages piétons.
– Ce ne sont pas forcément les vélos qui ont le plus de responsabilité dans les accidents.
– Beaucoup de dégâts dus aux ouvertures inopinées des portières de voitures.
Comment éviter ces accidents ?
On peut travailler sur 2 pôles :
– la communication. Il faut convaincre et adopter une grande pédagogie afin d’agir sur les comportements. On doit tenter de faire comprendre que chacun doit :
*Veiller à une plus grande vigilance dans les traversées.
* Respecter les règles et en appeler à la courtoisie.
* Être attentif à l’ouverture des portières.
* Appréhender que tant qu’on n’a pas de visibilité, on ne s’engage pas.
Les aménagements.
Grâce à l’analyse de l’accidentologie, on peut améliorer l’aménagement de la voirie pour réduire la probabilité que les phénomènes découverts se déroulent. On peut ainsi réfléchir et agir sur le territoire en aménageant l’espace urbain. Il faut se demander :
* Comment améliorer la visibilité aux carrefours.
* Comment éviter que les voitures qui tournent soient immédiatement confrontées au passage piéton.
* Comment l’angle des rues peut être rectifié.
– En plaçant les passages protégés un peu à l’écart, on permet aux voitures qui tournent à gauche de profiter d’un petit sasse évitant l’embouteillage au carrefour.
– En réduisant le rayon de giration car un angle moins arrondi oblige la voiture à ralentir.
– En dégageant les carrefours pour laisser une meilleure visibilité (oreilles de Mickey) – En plaçant quelques radars pour décourager les plus téméraires.
– En faisant la chasse aux voitures en stationnement.
Il reste peu de temps pour les échanges. Mme Olivero insiste pour que la tendance aille vers la suppression des feux tricolores. Son argument est que ceux-ci créent la vitesse en ville, les automobilistes accélérant toujours pour avoir le feu vert. Je dis mon inquiétude car il est difficile pour les déficients visuels de se sentir en sécurité dans ces conditions sans le repères sonores des feux, errant sur les trottoirs trop arrondis. Il m’est répondu qu’il y a des bandes podotactiles et que cela devrait nous servir de repères.
Quelqu’un demande une nouvelle fois de rendre les amendes plus dissuasives, mais le temps presse et l’échange est très vite interrompu.
Monsieur TOURAINE donne sa maxime : “L’important n’est pas d’arriver plus vite mais d’arriver vivant”. Il faut donc œuvrer obstinément à mettre en place des moyens pour limiter les drames.