Lorsque peu avant 9 heures, je me suis présenté au comptoir d’accueil d’Eurexpo, l’hôtesse m’a déclaré que je n’étais pas inscrit sur la liste des invités à la conférence sur la sécurité routière (ni à mon nom, ni au nom de PVV). Je pouvais néanmoins y assister, moyennant le paiement d’un droit d’entrée. « Si ce n’est que ça, dis-je en m’apprêtant à sortir mon porte monnaie… » Mais voilà, le droit d’entrée s’élevait à la modique somme de 176 € ! Ma décision de renoncer fut donc aussitôt prise. Que faire alors, en attendant le retour d’Optibus à 12h30 ? Réfléchir d’abord. Cependant, une personne munie d’une canne blanche, et qui réfléchit dans le hall d’entrée d’Eurexpo, se fait assez vite remarquer… Un jeune homme prénommé Grégoire, dont j’ignore tout de la fonction, m’a interpellé et est allé m’arranger une entrée gracieuse au congrès… En quelques minutes, je fus badgé puis introduit dans la salle où la conférence avait déjà commencé.
Il s’agissait d’une succession d’exposés sur des domaines relatifs à la sécurité routière : protection des chantiers, entretien des réseaux, signalisation, technologie embarquée à bord des véhicules… Les intervenants étaient membres d’organisations représentants les professionnels ou les pouvoirs publics. Le sort des piétons comme usager de la route fut peu évoqué. Le mot piéton n’a été prononcé qu’une seule fois. Les personnes handicapées sont restées absolument ignorées. Un représentant du ministère de l’écologie (qui intervenait à divers titres d’ailleurs) se délectait du foisonnement de projets innovants « dans un environnement concurrentiel », tout en admettant que le contexte de restrictions budgétaires impactait l’état des routes. Sans que la formation ou l’évolution de la réglementation fussent laissées de côté, la place accordée aux outils technologiques était importante. Je n’ai pas très bien compris, tant le vocabulaire semblait vague. Mais je suis content de savoir qu’il y a beaucoup de « liens communicants ». Je n’en attendais pas moins de la part des liens.
Un vernis très jargonneux et copieux en sigles masquait un discours d’une piètre éloquence. Le recours systématique au diaporama révélait d’ailleurs le peu d’intérêt accordé à la qualité verbale. Après la pause de 11 heures, le thème du vieillissement de la population a été traité dans un mélange d’informations statistiques très pertinentes et de langue de bois quelque peu décalée avec le fond.
Le fond de cette deuxième partie m’a paru très intéressant et m’a personnellement questionné. D’abord, je ne suis pas certain d’adhérer au soi-disant consensus selon lequel il faut écarter l’idée d’un examen systématique des capacités des conducteurs à partir d’un certain âge.
D’autre part, puisque le maintien de l’autonomie a été largement souligné, et c’est heureux, il aurait pu y avoir un petit clin d’œil aux catégories de personnes qui de toute façon ne seront jamais automobilistes. Le transport individuel était sacralisé. D’ailleurs, la question posée par Odile à propos des feux sonores (qui disparaissent de fait dans les villes moyennes où l’on installe des ronds-points), a été balayée et renvoyée à l’utilisation de gadgets technologiques, comme s’ils étaient accessibles à tous et d’une irréprochable fiabilité.
Par Jean-Paul CHANEL