Lors du rassemblement du 11 février, ma femme aveugle et moi très malvoyant, n’étions pas à Lyon, toutefois nous avons voulu participer à cette journée importante et nous avons rejoint la délégation de l’APF d’Ajaccio. Deux autres malvoyants s’y trouvaient également.
Une journaliste du quotidien Corse Matin a souhaité nous rencontrer afin de connaître notre avis sur l’accessibilité de la ville d’Ajaccio pour les personnes déficientes visuelles. Elle a rédigé un article nous concernant paru le 12 février. Ne soyez pas étonné car il y a une erreur sur le prénom, elle parle d’Hubert au lieu de Norbert.
Norbert Patot
Voici l’article :
> La cité impériale, haut lieu de l’inaccessibilité ? Le parcours du combattant de trois habitants
> Beau soleil sur Ajaccio en ce mercredi après-midi. 15° au thermomètre. Un temps à mettre tous les Ajacciens dehors, malgré une brise insistante.
> Cependant, se promener dans les rues de la cité impériale n’est pas chose aisée pour tout le monde. Andrée et Norbert Patot s’apprêtent à quitter leur appartement sobre et lumineux qui domine le quartier du Trottel. Tous les deux sont atteints de cécité. La sortie de cet après-midi n’est pas vraiment une partie de plaisir, direction le vétérinaire. « Ce matin, Grimm, notre chien guide d’aveugle, s’est fait attaqué dans la rue, relate Norbert. Il se lèche mais on n’arrive pas à localiser sa blessure. » Dans le poitrail de la bête, une entaille de plusieurs centimètres. « Le propriétaire de l’autre chien est parti sans se soucier du nôtre », regrette le sexagénaire. Le couple d’aveugles ne crie pas à l’incivisme, il se soucie simplement de leur chien qui boite.
> Feu rouge muet
> Une fois dans la rue, les embûches sont nombreuses. « Ils viennent de refaire les trottoirs, mais ont mis ces barrières en fer avec uniquement deux prises au sol, ma canne ne les détecte donc pas », explique Norbert.
> Andrée, elle, s’en remet à son chien de quatre ans. Bien que son niveau de dressage soit excellent, l’animal se laisse lui aussi piégé par des installations inadaptées. L’animal marque naturellement l’arrêt au passage clouté et Hubert sort une télécommande de sa poche. « Ca me permet d’activer le [dispositif sonore] du feu rouge », indique-t-il. Seul problème, cela ne marche que dans un sens, la borne du trottoir d’en face étant en panne. « Je n’utilise ma télécommande qu’ici, très peu de feux de la ville en sont équipés. À ma connaissance, il n’y a même que celui-là… Il en existe beaucoup plus à Lyon où nous résidons une partie de l’année. » Andrée et Hubert espèrent que la nouvelle municipalité va installer davantage de balises sonores. Un dernier piège à éviter au pied d’un des palmiers du Trottel et voilà le couple arrivé à l’abribus. Un vieil homme invective Andrée car la truffe du chien a frôlé son pantalon. « Donne le banc, Grimm», demande la non-voyante à l’animal, tout en s’excusant auprès de son irascible voisin. « Une fois que le bus arrive, si une voiture n’est pas garée sur son emplacement, encore faut-il qu’il s’arrête devant l’abri, soupire Andrée. De sa voix calme et sans amertume, elle raconte comment, un jour, un taxi bastiais n’a pas voulu embarquer son chien et a fini par l’enfermer dans le coffre…
Diana Saliceti