Les membres de Point de Vue sur la Ville vivant à Grenoble essaient de s’impliquer toujours un peu plus dans la vie de l’agglomération grenobloise et de représenter l’association. Lors d’un événement culturel grenoblois autour de l’accessibilité, nous avons rencontré une des responsables du projet “ACTE” (Accessibilité : Construisons pour Tous vers l’Emploi) du CEA de Grenoble.
Le Centre d’Energie Atomique de Grenoble est un très gros acteur économique de l’agglomération, dont le site de 67 hectares sur lequel travaillent en moyenne 6000 personnes, fait l’objet d’une démarche volontaire et originale depuis 2014. L’objectif est de faire du CEA de Grenoble une entreprise handi accueillante et accessible à tous d’ici 2020. Je vous conseille vivement, si vous ne connaissez pas cette initiative, de consulter le lien suivant pour prendre connaissance de ce projet ACTE :
C’est dans ce cadre, que nous avons eu l’opportunité de rencontrer des membres de l’équipe responsable du projet ACTE le mercredi 8 juin au CEA.
L’objet de cette rencontre était de nous présenter le projet ACTE dans son ensemble ainsi que le travail mené par le service Accessibilité du CEA.
Étaient présents :
– la Chef du Projet ACTE
– l’Ergonome Référent Accessibilité
– une stagiaire sur le Projet ACTE
Chacun à leur tour, ils nous ont présentés leur travail au sein de l’entreprise. Leur volonté commune est d’améliorer en tous points la qualité du site et de ramener vers l’emploi les personnes en situation de handicap (en étroite collaboration avec l’AGEFIPH et le FIPHFP). De par sa nature, cette entreprise, qui est un établissement public, emploie des personnels très différents (salariés, chercheurs, étudiants, conférenciers…), de nationalités multiples, à des postes parfois très stratégiques et sur des missions protégées. Ce site très sécurisé, composé d’une centaine de bâtiments au cœur d’environ 35 km de voirie, reçoit en moyenne 600 visiteurs par jour. Il est situé sur la presqu’île grenobloise qui actuellement est en train de s’étendre pour accueillir de nouvelles entreprises (nouveau siège de Schneider Electric entre autres…) et de nouveaux laboratoires.
Dans ce cadre, le projet ACTE, qui veut faire du CEA Grenoble une entreprise accessible à tous, prend une dimension encore plus importante. Ce qui pourra y être développé aura vocation à être mis en partenariat avec ces nouvelles entreprises pour y être adapté et généralisé sur la presqu’île. Ces partenariats sont déjà développés avec Schneider, ST, INP… en collaboration avec la Ville de Grenoble.
Nous avons pu visiter et nous déplacer dans deux de ces bâtiments pour découvrir, tester et évaluer ce qui a déjà été mis en place au niveau de la signalétique, des peintures, du mobilier et des équipements (poignées de porte, plaques indicatives des portes, agencement des lieux communs, agencement des toilettes…), des escaliers, des ascenseurs. Nous avons pu tester les balises sonores positionnées à l’entrée des bâtiments (tous n’en sont pas encore équipés), les aménagements extérieurs facilitant le déplacement tels que les nouveaux trottoirs, les bandes podotactiles (ils utilisent par endroit les bandes Mach’Sens), les bandes guide-canne à l’approche des bâtiments, des zones de déplacement sensibles et des arrêts de navette, les escaliers et rampes extérieurs… On sent qu’un gros travail de recherche sur les nouvelles technologies existantes, voire à développer est fait. Des partenariats sont entrepris avec des entreprises et les labos locaux.
Ils essaient de faire participer le plus possible leur personnel valide et handicapé au tests et aux choix des équipements. Ils ont un “groupe d’usagers” intéressant mais cherche d’autres “testeurs”. Ils étaient contents de nous montrer ce qui avait déjà été mis en place et de nous le faire essayer. Ils semblaient vraiment concernés par notre avis et réceptifs à nos remarques.
Aujourd’hui, au cœur du projet ACTE, toute leur attention tourne autour du développement d’une application de géolocalisation visant à guider toute personne entrant sur le site. C’est le laboratoire électronique du CEA (le LETI) qui travaille sur ce développement en collaboration avec le service Accessibilité. Leur objectif est d’atteindre 50 cm de précision (avant les premiers tests, la précision était d’environ 2 m) !! L’application devra permettre à l’utilisateur de rallier n’importe quel point du site, que l’on soit à l’extérieur ou à l’intérieur d’un bâtiment, vers l’extérieur ou l’intérieur d’un autre bâtiment, ou vers un point particulier tel qu’un arrêt de navette, de tram, un parking ou un restaurant…
Actuellement, ils sont en phase d’étude des options à apporter à cette application. La personne stagiaire est en charge de mener les premiers tests. Ils commencent cette semaine. Ils ont lieu en deux temps :
1. un entretien d’environ 30 minutes en deux parties : une partie générale concernant le testeur et une partie spécifique concernant le projet
2. un test du matériel développé, sur le terrain, dans environ trois semaines
ILS SONT À LA RECHERCHE DE VOLONTAIRES TESTEURS !! Véronique (malvoyante) a déjà effectué la première phase du test hier. L’entretien de 30 mn a été fait par téléphone. IL LEUR FAUT DE NOUVEAUX VOLONTAIRES. Les frais de train pour la phase de test sur site seront pris en charge par le CEA.
La première phase, l’entretien téléphonique, doit être fait assez rapidement.
L’Ergonome Référent Accessibilité nous a également présenté plusieurs de leurs projets et particulièrement la construction et la conception d’un nouveau bâtiment à Toulouse (le CEA de Toulouse). Il nous a expliqué dans quelle mesure il intervenait dans la réalisation de ce projet. C’est passionnant : ergonome (entre autres) de formation, il conçoit et améliore le lieu de travail, étudie la situation de travail et les besoins de l’utilisateur pour veiller au meilleur aménagement possibles. Pour cela il monte des groupes de travail, de parole, et utilise la méthode du “Lego Serious Play” pour laisser place à l’expression de tous les types de travailleurs, valides ou porteur d.un handicap quel qu’il soit. Cette méthode consiste à faire s’exprimer les acteurs autour d’une problématique, en utilisant le Lego. Avec ses petites briquettes et pièces de plastique, les utilisateurs construisent, s’expriment, visualisent et échangent autour de l’aménagement d’un poste, dans local, d’un bâtiment voire d’un site.
Nous avons ainsi pu visualiser et toucher des maquettes conçues lors du Défi Day (une journée organisée le 12 novembre 2015 autour du handicap de l’emploi et de la performance), représentant ce que pourrait devenir le site à l’issue de son réaménagement. Les retours des employés et des responsables du CEA sur cette méthode quelque peu innovante et étonnante sont très positifs.
Dans le cadre du projet de construction du site du CEA de Toulouse, des maquettes à l’échelle 1/25ème sont en train d’être réalisées. Les différents employés interviennent chacun à leur tour pour étudier leurs postes de travail. Ils visualisent le nouveau bâtiment, réfléchissent à l’implantation des différentes machines et outils, des bureaux et des salles de réunion. Les machines, les bureaux, ainsi reconstitués en Lego sont différemment positionnés et laissent libre cours à la réflexion sur l’aménagement du nouvel espace. On prend en compte les exigences qu’implique l’utilisation de certaines machines, ainsi que les flux de circulation et les besoins de travailleurs handicapés. Après une phase de conception à Grenoble, cette maquette est partie à Toulouse pour être présentée et affinée par d’autres futurs utilisateurs. Elle servira à la fin de la phase de consultation et d’élaboration, à la construction et à l’aménagement du bâtiment final.
Cette rencontre a vraiment été très riche en enseignements pour nous, mais également très satisfaisante pour nos interlocuteurs. Ils tiennent à nous intégrer à leur « groupe d’usagers ». Aujourd’hui, en recherche de testeurs pour l’application de géolocalisation qui est en cours de développement, ils nous demandent de solliciter les membres de l’association Point de Vue sur la Ville, pour participer à la phase de test.
Véronique BAUDE et Valérie CHAUVEY