Dans un hôtel de grande taille (et non un grand hôtel), d’une chaîne bien connue, je me dirige grâce à la musique d’ambiance, vers la salle du petit déjeuner, après que les aléas des mouvements de l’ascenseur m’aient finalement permis de débarquer au premier étage. Je remets mon ticket à l’homme qui m’accueille à l’entrée. De façon très professionnelle, un autre employé m’invite à le suivre jusqu’au buffet où il est fort heureusement admis que l’on ne regarde rien avec les doigts. Je me dirige au son de sa voix qui me signale toutes les nourritures disponibles. Café, orange, viennoiserie, pain, confiture… mon plateau est constitué. Je montre d’un geste la longueur de baguette souhaitée ; tout est nickel. Puis l’employé sans doute sensibilisé au service auprès de clients en situation de handicap, me propose de m’asseoir « là ». Grâce à la compréhension de la situation, à l’ajout de quelques précisions, à quelques tâtonnements et à l’écholocalisation de sa voix, je finis assez vite par trouver la chaise qui m’a été désignée comme étant « là ». Je m’installe. Et j’attends. Où est passé l’employé avec mon plateau ? Il arrive enfin quelques minutes plus tard. J’y trouve tout ce que j’ai demandé ; c’est merveilleux… De plus, je m’aperçois que les tartines sont faites ! Voilà pourquoi j’ai attendu ; je n’en demandais pas tant… S’agit-il d’un geste sympathique, du détail d’un protocole établi, ou d’une initiative personnelle correspondant aux représentations que l’employé se fait, des nécessités qu’appelle la cécité dans de telles circonstances ?.. Il est étonnant qu’un employé aussi aimable et sérieux, n’ait pas pensé à la petite serviette en papier ou à passer me demander si je souhaitais autre chose… Et puis, manger le yaourt à la fourchette, ça se fait, on s’accommode de situations bien plus périlleuses quand on est non voyant, mais tout de même, une petite cuiller, c’est plus pratique…
L’employé était pourtant disponible, puisqu’il m’a repêché puis raccompagné jusqu’à l’ascenseur, dès qu’il m’a vu errer quelque peu entre les tables.
Cette anecdote somme toute banale met plusieurs points en lumière.
Pour les personnes déficientes visuelles, l’accessibilité repose en grande partie sur une présence humaine, ne serait-ce que pour donner la bonne information, au bon moment.
Il ne faut pas confondre accessibilité et assistance.
Il faut savoir garder le contact, ne pas penser à la place de l’individu concerné ; c’est un bon moyen de préserver son autonomie.
Rédigé par Jean-Paul Chanel