« Combien de fois ai-je été dévié de ma trajectoire par un passant sans savoir pourquoi. Tandis qu’il accomplit la manœuvre qui m’évite sans doute un choc ou une chute, pas un mot. La soudaineté parfois impérieuse avec laquelle je suis manipulé me perturbe. En pensant prendre le contrôle d’une situation qu’il juge délicate ou dangereuse pour moi, ce passant a pris le contrôle de ma personne. Je suis aveugle, pas inanimé !
Ce qu’il fallait faire ? M’avertir : “Attention, Monsieur, il y a une poubelle devant vous, puis-je vous aider ?” » (témoignage d’un déficient visuel).
Ces comportements peuvent paraître caricaturaux et pourtant ils ne sont pas exceptionnels. La maladresse des voyants est liée à leur méconnaissance des véritables besoins du déficient visuel. Le plus simple, c’est donc de proposer son aide au lieu de l’imposer, en parlant le premier. Celui que vous aiderez vous confiera sans complexes le mode d’emploi pourvu que vous osiez le lui demander.
Comment guider une personne déficiente visuelle ?
Avant tout, demandez à la personne si elle a besoin d’être guidée et ne vous vexez pas si elle refuse, c’est tout simplement qu’elle n’en a pas besoin !
Pour guider une personne, le mieux est de lui offrir votre bras, de préférence le droit afin de laisser libre et opérante sa propre main droite, qui tient le plus souvent la canne (inversement pour un gaucher). Il est plus agréable de suivre le mouvement d’une personne plutôt que d’être tiré par elle, et c’est bien plus efficace.
Quelles sont les techniques de guidage ?
La technique de guide d’une personne déficiente visuelle est très simple et peut être appliquée par tout un chacun.
Le déficient visuel tient son guide par le bras, légèrement au-dessus du coude, et légèrement en retrait, un pas de sécurité qui lui permet d’anticiper les mouvements de son guide. Cette technique de guide repose sur les codes corporels : c’est par les mouvements de son guide que le déficient visuel pourra interpréter la marche à adopter.
Il existe trois codes corporels :
- le ralentissement indique le changement de direction, la modification du sol, la présence d’un obstacle.
- l’arrêt se pratique au niveau d’une bordure de trottoir, avant des escaliers ou des escalators.
- le bras dans le dos se pratique lorsqu’il y a un passage étroit ou un obstacle en hauteur.
Dans le cas où il faudrait lui indiquer où s’asseoir, il suffira de poser la main (celle du bras qui guide) le dossier de l’assise. Elle prendra ainsi ses repères et pourra se débrouiller pour s’asseoir. Ne tirez pas la chaise à sa place, ne la soutenez pas, elle n’en a pas besoin. Moins vous l’entraverez dans ses mouvements, plus il lui sera aisé de prendre possession de l’espace.
Selon ce qu’il leur reste de vision, ces personnes auront besoin d’aide pour s’orienter dans des lieux non familiers ou moins éclairés, pour détecter des dangers, repérer des escaliers (surtout à la descente !).
Pour une personne qui ne voit pas ou mal, le déplacement demande une grande concentration auditive pour percevoir tout ce que la vue ne peut pas restituer. Une telle concentration demande une certaine énergie pour trouver la réponse à toutes les questions que le voyant trouve simplement en regardant les panneaux de signalétique, en repérant naturellement le sens de sa trajectoire.
Pour sécuriser les déplacements, les personnes déficientes visuelles utilisent une canne ou un chien guide. Cependant la vision résiduelle, même faible, peut parfois leur suffire. Qu’elles soient non ou mal-voyantes, elles peuvent utiliser une canne blanche qui permet notamment au passant de les identifier.
Comment une personne mal ou non-voyante se déplace-t-elle dans l’espace public ?
Les personnes présentant une déficience visuelle disposent de plusieurs outils et techniques permettant de faciliter leurs déplacements dans l’espace public.
Les premiers et les plus visibles sont la canne blanche et le chien guide.
Pour prévenir le danger lors de la traversée du passage piéton, elles sont munies d’une télécommande pour activer, quand c’est possible, les feux sonores. S’il n’y a pas de feu, elles se fieront au bruit des voitures et au sens de la circulation.
Pour en savoir plus sur ces outils, vous pouvez consulter la page En pratique / Déficient visuel.
À quoi sert la canne blanche ?
La canne blanche est un instrument nécessaire pour appréhender l’environnement : c’est le prolongement de la main.
Balayer avec une canne blanche permet au déficient visuel de :
- localiser les obstacles et en déterminer la nature (poteau, poubelle, vélo…) ;
- sentir les aspérités du sol (pavés, ralentisseurs, bitume ou terre…) ;
- localiser une montée/descente d’escalier ou de trottoir ;
- délimiter la trajectoire en suivant une bande podotactile sur un quai de gare ou du métro par exemple…
Un balayage éventuellement plus large et le fait de toucher les obstacles permettent d’identifier les limites de la zone de déplacement. Ce geste n’est pas toujours compris des personnes voyantes. De même, il est difficile de garder une trajectoire rectiligne, surtout dans un espace large. S’il est dans une zone de circulation, le déficient visuel dispose d’un repère sonore indiquant la direction que prennent les voitures. C’est également cet indicateur qui sera utilisé pour traverser droit.
Quel est le rôle du chien guide ?
Le chien guide est un chien éduqué pour sécuriser les déplacements de la personne déficiente visuelle. Dans sa vie quotidienne, il lui apporte plus d’autonomie.
Il a appris les ordres directionnels, à signaler un passage étroit, une descente ou une remontée de trottoir etc. Il sait éviter les obstacles, contourner les flaques d’eau et autres objets indésirables sur lesquels on n’aime pas trop marcher.
Le chien a également appris à rechercher. C’est ainsi que, grâce à des ordres simples, il repère les portes, les sièges, les distributeurs de billets, les boîtes aux lettres, les guichets, les abris-bus ou les composteurs de tickets. Le chien guide connaît 50 ordres différents.
Par l’intermédiaire du harnais porté par le chien, le maître suit attentivement les mouvements de son compagnon.
Cependant, le chien guide ne voit pas les couleurs et ce n’est pas lui qui vous dira quand il faut traverser une rue. C’est pourquoi il est important que le maître soit capable d’analyser un carrefour et sache donner les bonnes indications à son chien pour une traversée en toute sécurité. L’une des qualités essentielles exigées du chien guide est l’initiative. Par exemple, en cas de franchissement difficile, le chien guide doit être capable de ralentir l’allure ou même de désobéir à un ordre de son maître face à une situation de danger immédiat. En toutes circonstances, c’est le maître qui indique l’itinéraire à suivre.
Conformément à la législation française, les chiens guides sont autorisés dans tous les établissements ouverts au public (oui, même chez le boucher !).
Règle d’or : Le chien guide n’est pas un chien de compagnie tout à fait comme les autres. Il se substitue aux yeux de son maître pour l’aider à éviter les obstacles rencontrés dans diverses situations et à résoudre certaines complications.
Ne le caressez pas et n’attirez pas son attention quand le chien porte son harnais. Son travail exige beaucoup de concentration et toute distraction pourrait mettre en danger son maitre ou sa maîtresse.