Parce que c’est une vadrouille aussi…
Les jours jaunes, c’est un peu regarder défiler une immensité de dunes
sous leur croûte d’agrumes.
C’est la lande uniforme d’un monde sans lune.
Les jours jaunes, ce sont des jours qui s’écoulent, en longues langues de lave invasive,
une écorce trop lisse et qui s’immobilise.
Ce peut être un plongeon, dans le limoncello,
ou dans un verre de citronnade à l’eau…
Panorama d’un décor de sucettes.
Il y aurait sans doute sujet à jouissance,
et rondeur de désir comme un œil d’enfance,
à la reconnaissance des bonheurs du monde,
dans le cristal lissé d’un papier de bonbon…
Je me souviens, lorsque j’étais enfant, que les noix de Grenoble étaient vendues dans des sachets translucides, d’un jaune soutenu, tendant vers l’orangé. Le régal gustatif était suivi du régal visuel à observer la scène du repas familial au travers de cet emballage. Les bleus devenaient verts, mais je recensais bien d’autres distorsions encore. Je crois me souvenir aussi qu’un quadrillage rouge était imprimé quelque part sur le paquet : de quoi se livrer à une cartographie minutieuse d’un monde qu’il était drôle de voir ainsi se métamorphoser…
Dans ces jours jaunes, qui à présent s’imposent à moi,
je scrute l’étendue des déserts,
à la recherche d’impossibles cratères.
J’aimerais pouvoir me soustraire
aux masses d’une telle lithosphère.
Je voudrais percer des Afriques dans cette étoffe mouvante,
et animer des rubans de routes maritimes.
J’aimerais parer la toile,
de souvenirs d’écailles,
et l’affubler que sais-je,
d’un collier de gouttes étincelles.
On y danserait du vert aux mauves échappés,
de la malle brinquebalée d’un théâtre ambulant.
On frapperait les trois coups aux carmins de la coque
d’un vaisseau balançant son ventre de Turquoises,
dans des étains de soie bruinantes sous mes doigts.
Les chopes au comptoir garderaient leur aplomb.
Je verrais gondoler des moires effrontées,
se déboîter l’arceau dans un swing assuré.
La voile ondulerait devant le réverbère,
avec la légèreté du vernis épicé,
d’une ébénisterie de gradins emboîtés.
Alors pourrais-je enfin réserver bon accueil
à ce jaune insolite
qui malgré moi s’invite.
Je me souviens, lorsque j’étais enfant, que l’arrêt d’un trolleybus que nous prenions parfois se trouvait face à un mur jaune. Un jaune vif, éclatant, tout neuf… C’était le mur d’enceinte d’une usine, l’usine jaune. Qu’il devait être délicieux de travailler dans une usine jaune ! Etait-ce aussi jaune à l’intérieur ? Que pouvait-on fabriquer derrière ce mur qui avait une couleur de bonheur ? Les machines étaient-elles jaunes également ? Ou y trouvait-on au contraire des ateliers sordides dirigés par des contremaîtres irascibles ? Y était-on vêtu de jaune, ou de bleus graisseux, à respirer des poussières et des vapeurs toxiques dans de sombres recoins ? De quel infernal boucan ce joli mur jaune protégeait-il la rue ? Je revis ce mur jaune, quelques années plus tard. Des panneaux publicitaires l’avaient en grande partie recouvert. Sinon, quel gâchis eut-ce été pour le commerce ! Au moins ce grand mur jaune se trouvait-il ainsi préservé de toute projection des imaginations… L’imagination, c’est un peu comme les mauvaises herbes : si on ne prend pas des mesures de salubrité, elle risque d’envahir les murs d’une cité, d’éclabousser tout ce que le bon goût s’emploie à protéger… Je ne sais si cette usine existe encore. Elle devait être située avenue Lacassagne, dans le 3ème arrondissement de Lyon. J’aurais voulu qu’il existât beaucoup d’usines jaunes. Des jaunes, et puis d’autres couleurs encore… Et même de plusieurs couleurs… Et puis, d’abord, pas obligé que ce fussent des murs d’usine… Ils pussent être murs de rien du tout d’ailleurs, pourvu qu’ils fussent de couleur.
Ne serait-il donc pas mal venu que je boude ce jaune qui habite chez moi, sans que je l’aie expressément invité c’est vrai, ce jaune qui s’incruste en mon être selon une fréquence approximative d’un jour sur deux, ce jaune qui n’en fait qu’un peu trop à ma tête ? Que reprocher au fond à ceux qui squattent un lieu demeuré trop vide ? De mettre un peu de vie, d’user trop la bougie ?
Préfèrerais-je du noir, si toutefois ça existe, Comment réagirais-je à l’absence, d’ailleurs inéprouvée chez moi, de toute stimulation dans mes voies visuelles ? Un vide aussi entier m’est pour tout dire, quasi inconcevable. Cette idée de l’absence qui correspond parfois aux représentations premières que les voyants se font de la cécité, ne ressemble à aucune expérience sensible personnelle. Image abstraite par excellence ! Et ne cherchez pas là, le moindre paradoxe : sensations de lumière, sensations de mouvements, tel est le fond en sourdine, totalement permanent, qui a toujours parasité ma vision, depuis mes premiers mots.
Ne devrais-je pas, plus justement, anticiper la venue de ce jaune, faire un feu d’artifices, préparer un bouquet ou agencer les bûches dans la cheminée ? Ce serait lui donner la dignité des êtres de passage, lui réserver le couvert des visiteurs surprises…
Mais les jours jaunes occupent trop de place. Ils s’imposent, pénétrants, persistants, insistants, insensibles à la luminosité, à la clarté d’un midi d’été ou à l’épaisseur d’une nuit profonde. Un jaune qui m’accompagne, partout, y compris derrière les verrous des paupières closes. Un jaune à dégoûter les noctambules ! Un peu d’intimité ! j’aimerais bien de temps en temps m’évader du faisceau des projecteurs. Débranchez un instant ; un peu de repos s’il vous plaît ! La vision d’une plage de sable clair sous le soleil ardent serait-elle propice à l’apaisement d’un soir tranquille ? Il y a mieux pour favoriser la venue du sommeil ! Heureusement, patience et confiance permettent l’endormissement. Après, les rêves vivent leur vie de rêve… Et quand je me réveille… Le jaune s’en revient, parfois, au bout de quelques instants, toujours aussi taquin… Il peut avoir laissé la place aux rougeoiements moins intense d’un coucher de soleil ou à l’éclat bleuté d’une aurore printanière.
Ne noircissons pas le tableau. Les jours jaunes n’ont rien d’un tapis de misère. Je les habite, je les peuple, en attendant qu’ils migrent vers d’autres orients. Je les apprivoise, je les dompte ; ils ne me font pas peur car j’en ai vus bien d’autres, et de toutes couleurs !.. Je leur impose mes croquis, je leur soumets mes nuances et mes figures : à eux de se plier à la géométrie de mes actions ! Donnant, donnant. Ils sont en moi contre ma volonté mais sont-ce eux qui me traversent ou est-ce moi qui les traverse ? Qui traverse l’autre au bout du compte ? Je nage en leur substance, tout comme en mes sens, ils font remue-ménage… Au fond, tout n’est que mouvement, ce n’est que provisoire : les jours violets sont prêts pour prendre la relève.
Rallumons les mèches,
changeons l’eau des fleurs,
il ya toujours des braises,
les bûches grondent encore.
La convivialité, ça doit se cultiver,
aussi bien au départ que lors de l’arrivée.
Et le changement de l’hôte ne doit rien y changer.
Justice élémentaire,
protocole éphémère…
Car tout est bien affaire d’intermittence,
affaire de rythme, affaire d’alternance.
Changement de spot au cours de la journée,
et même fréquemment pendant la matinée,
avec des transitions parfois acrobatiques,
hésitant du verdâtre aux roses délavés.
Il y aurait là matière à étude statistique.
La temporalité des changements observés
a sûrement un rapport ou est au moins en lien
avec ce que l’on nomme les rythmes circadiens.
Le plus souvent, le fond jaune et le fond violet,
au bout de 24 heures, se passent le relais.
Mais il arrive aussi, sans trop savoir pourquoi, que la même couleur s’installe en villégiature, plusieurs jours consécutifs. Si seulement je pouvais mettre la main sur un petit malin d’éclairagiste !.. Mais il n’est pas possible d’accéder aux horloges, d’agir sur les fréquences, ni de régler l’intensité. J’ai recherché en vain quelques paramètres susceptibles d’influer sur ce phénomène. J’ai tenté d’observer quels événements, états émotionnels, comportements, fatigue ou bien activités pouvaient bien amoindrir ou même retarder l’apparition d’un jaune secrètement programmé. C’est comme s’il était autoritairement convoqué. Je peux bien essayer de penser à du sombre, me convaincre qu’il se change en son complémentaire… Le jaune est installé ; et ce serait gaspiller mon énergie et nuire à ma sérénité, que de vouloir en vain le contrarier ! Si seulement je pouvais retenir les jours violets par la manche, les graver, les fixer au plus profond de moi !.. Si je pouvais en faire des taches indélébiles, un peu comme ces taches qui constellaient jadis mes cahiers d’écolier, au fil de tant de pages laborieusement calligraphiées, à l’encre violette, bien sûr, comme à l’époque… Ma plume se prélasserait, en longues rêveries, trempant dans l’encrier… S’il existait des noix magiques, elles seraient vendues dans des sachets translucides de teinte violette. Les soirs jaunes, je regarderais le monde au travers, je n’aurais qu’à placer l’emballage devant mes yeux. Je ne sais si la magie des noix irait jusqu’à me procurer ne serait-ce qu’une vision partielle de quelques objets, mais peut-être le violet se substituerait-il au jaune. Peut-être les deux couleurs fusionneraient-elles, comme sur la palette d’un peintre, pour fabriquer un marron, selon les règles de la physique, un marron à qui je ne demanderais même pas d’être esthétique, pourvu qu’il me soulage des éblouissements, principalement quand ils deviennent oppressants.
Mais je ne suis en rien le maître des décors,
la régie me tient loin, carrément en dehors.
A moi bien entendu de garder la hauteur,
d’assurer le filage, l’enchaînement des actes.
Il n’y a pas de quoi sombrer dans la panique,
pour des raisons, au fond, si l’on veut bien, techniques.
L’important au final, c’est que quoi qu’il advienne,
je ne perde rien de vue dans une mise en scène.
Les jours jaunes s’annoncent quelque peu perturbés.
Sur le plan météo, je les trouve agités .
Et je ne vois pas vraiment s’ils s’arrêtent ou s’ils bougent.
Je les classe en alerte orange ou même rouge.
De cette comparaison, qu’ils ne prennent point ombrage,
j’ai toujours apprécié la pluie et les orages.
Quant à considérer le fait géologique,
il n’y a pas vraiment de côté dramatique.
les jours jaunes ont l’allure du magma qui hésite,
du mortier délavé, d’une coulée en transit.
De cette comparaison, qu’ils aient l’égo facile ;
car c’est là le creuset des terres les plus fertiles.
Et pour tout dire crument,
culinairement parlant,
les jours jaunes ressemblent à une soupe en attente :
au fond de sa gamelle, elle est là qui décante.
Que ma mère me pardonne pour mes dédains d’enfance,
les potages aujourd’hui, sont mes mets d’excellence.
Et c’est d’ailleurs surtout à partir du dîner,
que je préfère de loin, que le jour soit violet.
Car la nuit sera sombre et moins surnaturelle,
que sous le projecteur d’un jaune bien tenace.
Et si lorsqu’il fait jour, la jaune anomalie
peut suggérer un ciel d’éclat exceptionnel,
un ciel certes en fusion, bien plus qu’en plein midi,
mais pas au point auquel l’idée ne me tracasse,
c’est bien lorsque je sais que la nuit est venue
que j’accuse le plus ce jaune d’être incongru.
Les jours violets m’offrent effectivement l’avantage nocturne de rétablir une situation très proche de celle que je connaissais antérieurement, avant la perte totale de ma vision utile. Je présentais en effet, depuis mon plus jeune âge, le symptôme dit de l’héméralopie : je ne distinguais dans la nuit ou dans les faibles éclairages, que les sources de lumière ou les objets très proches qui leur étaient directement exposés. Avec l’obscurité dont sont porteurs les jours violets, la nuit m’est moins étrange : j’y retrouve mes repères et je ne suis pas encombré par cette clarté parasite qui les jours jaunes, s’incorpore par essence en moi.
Il y a parfois aussi
des moments de conflit,
quelques moments de lutte,
voire même de dispute,
un manque je soupçonne,
de coordination en somme.
C’est l’orange ou le bleu qui s’interposent alors,
avec des revirements, au fil de plusieurs heures.
Je suis dans le hamac au terrain de camping,
et j’accroche des feuilles aux joues des mandarines.
Je surveille d’un œil arbitre et rigoureux,
cette bataille au sein du spectre lumineux.
Bien qu’il serait vain d’agir en supporter,
je ne vois pas vraiment pourquoi je devrais taire,
le camp que j’ai choisi, qui a ma préférence,
et qui va dans le sens des plus hautes fréquences.
et pour vraiment lâcher ce que j’ai sur le cœur
c’est du côté violet que je veux le vainqueur
Les jours violets sont bien plus confortables. Ils écartent les risques de souvenirs jaunis. Chassant l’éblouissement, je suis moins perturbé et bien plus concentré quand ils reviennent. Même mon champ tactile s’explore plus aisément. Le fait de me trouver dans une ambiance plus sombre m’offre de plus, accès à quelques contrastes résiduels, contrastes lumineux uniquement. Je peux notamment localiser encore, mais de façon aléatoire, les sources lumineuses, qu’il s’agisse de la clarté du jour ou de lampes allumées. Quand aux contrastes chromatiques, ils convoquent mon imaginaire qui ne se fait pas prier pour créer l’harmonie des objets approchés. Le souvenir intact que je garde des couleurs, veille à ce que la partition ne fasse pas trop d’entorses aux règles d’écriture.
J’aime ces jours violets qui me ramènent un peu d’aisance. Ils me permettent parfois de cerner très approximativement, le contour de quelques objets et de localiser les silhouettes des personnes dont je sais la présence. Il m’arrive aussi de suivre furtivement quelques mouvements. S’agit-il d’une vision réellement optique ou la réminiscence de sensations perdues qui me permettent de restituer ces images rudimentaires ? Sans doute un peu les deux : nous savons bien que les sens fonctionnent en complément. Approcher l’espace avec l’ouïe, le toucher, l’odorât, invite le cortex visuel à l’action. Il y a je le sens bien, de subtils partages : des surfaces très vagues pour ce qui pourrait être encore de la vision réelle, des contours plus précis pour l’imagination… Je préfère ignorer les contributions respectives de ces différentes modalités, à ce que j’ose appeler encore de la vision.
Il faut savoir parfois ne pas s’interroger,
pour pouvoir jouir encore d’une globalité .
Et pour aller plus loin dans cette réelle chance,
je guette les reflets des objets en brillance.
Ils sont l’incandescence, la dernière pétulance
d’une vision plaisir.
Vision très atrophiée, reliquats de lumière, ces impressions contribuent, à leur manière au maintien et à l’édification d’images mentales, images copieusement visuelles. Le monde des lignes et des couleurs, des masses et des ombres, des surfaces et des perspectives ne m’a jamais abandonné. Il faut toujours savoir soigner ses relations, ne jamais perdre de vue tout ce à quoi l’on tient. Je frôle félinement les contours des choses, je flaire les rubans qui s’agitent au vent. Il y a des résistances, des turbulences, des bourrasques… Parfois, ça frotte, ça cogne, ça casse… Il y a des écrans impénétrables, redoutables, incarcérant…
Le monde sous mes doigts, sous mes pieds, celui dans lequel je me glisse, le monde que j’entends, et où se meut mon corps, au milieu des odeurs ne prend pas tout-à-fait la même apparence selon la couleur du jour. Il est plus souple, plus parlant, plus précis, plus accessible en violette atmosphère, qu’en immersion de jaune, d’un jaune où je m’enlise et où je m’empêtre parfois. Il ne faut pas en conclure que j’aie deux agendas. Je laisse le hasard s’arranger des ambiances. A qui vient me voir, je souhaite de tomber sur la bonne couleur. Un proverbe anglais dit « Keep your sunny side up. » (Montre toujours ton côté ensoleillé.) Je le ferais mien en l’adaptant ainsi : « Keep your purple side up. » Si je souhaite à ce point l’heureuse coïncidence des couleurs, c’est afin de favoriser la détente maximum. Mais qu’il s’agisse de guirlandes de rire jaune ou de serpentins circulant dans les derniers vestiges des images perçues, je peux agrémenter la toile, animer le vide, grâce à tout ce que j’ai engrangé de formes et de couleurs. Je traîne un arc-en-ciel au bout d’une ficelle. Mais je ne suis pas un enfant solitaire, qui tournerait en rond, dans une cour déserte.
Il convient maintenant, après si longue évocation, d’aborder de façon plus objective, ce phénomène à première vue curieux. Curieux, il le fut, lorsqu’il commença à se manifester, au terme de la chute de ma vision utile. Il fut déconcertant, déstabilisant par son inconstance. Puis, après avoir observé sa progression et enfin repéré sa périodicité provisoire, j’ai pu commencer à le regarder en face. La persistance de sensations colorées chez des personnes aveugles qui par le passé ont vu, n’est pas exceptionnelle. En tout état de cause, le fait d’avoir un passé de voyant permet au moins de nommer les couleurs observées. Le fait est verbalisé, le jaune est signalé ; son alternance avec le violet me fut déjà témoignée. Le fait est aussi reconnu par les ophtalmologistes, sans qu’une explication ne m’ait été pour l’instant fournie. Ce phénomène interpelle probablement la neurologie ou plus précisément la neuro-ophtalmologie. A-t-il été étudié spécifiquement ? Si ce n’est le cas, il mériterait très certainement la mobilisation de quelques thésards. je ne sais si l’on peut ni si il faudrait lutter contre ces manifestations qui semblent s’apparenter au moins à des phosphènes. Elles me semblent revêtir un intérêt par rapport à l’activité du cortex visuel ou des voies optiques dans leur ensemble. C’est là l’affaire d’un champ disciplinaire pointu. Je ne suis pour ma part que témoin éclairé d’une cécité qui n’est en rien une absence de toute vision. Il se passe quelque chose dans ce théâtre de mon champ de vision résiduel. Cela ne se passe pas ailleurs, par exemple dans les zones extérieures à celles qui auparavant s’offraient à mon exploration visuelle. Il y a là je pense, sujet à connaissance. Je suis persuadé que cette alternance jaune / violet ou cette oscillation entre deux couleurs complémentaires, signifie quelque chose de notre matière grise.
De cette expérience,
on ne peut plus modeste,
permettez-moi je pense,
de dire une sagesse.
Un terrain peut bien être
apparemment aride,
ou, que sais-je, peut-être
l’incarnation du vide,
et pourtant révéler,
sitôt qu’on le cultive,
que ses plants vont lever,
que sa matière est vive.
Jean-Paul Chanel