Faut-il en rire ou en pleurer mais manifestement les raisonnements visant à mettre à mal l’obligation de mise en [accessibilité] pour 2015 se muent de plus en plus en fuite en avant style « écran de fumée », d’où ce billet d’humeur qui me semble nécessaire pour enfin poser les bonnes questions. La FNTV ou autrement dit la Fédération Nationale des Transports Scolaires affirme haut et fort (dans son article paru le 27 mai 2013 sur son site internet) que si aucune dérogation d’accessibilité n’est accordée aux services de transports scolaires les autocaristes ne pourront pas assurer le transport du million et demi d’élèves transportés chaque jour. Rien que cela !
En résumé : si vous n’acceptez pas légalement les bus scolaires inaccessibles et bien tous les élèves resteront sur le trottoir par votre faute !
Beau retournement de raisonnement et de responsabilité alors que le secteur a eu 10 ans pour se conformer à la loi handicap.
L’origine de cette sortie médiatique ? L’avis rendu au Premier ministre le 14 mai 2013 par l’OBIACU (Observatoire interministériel de l’accessibilité et de la conception universelle) qui s’oppose fermement à un report de la mise en accessibilité des transports collectifs publics. Surprise et panique à bord : le secteur s’attendait sans surprise à une annonce de report des obligations ce qui ne fut pas le cas.
La FNTV ne nous dit toutefois pas pourquoi le transport scolaire reste encore majoritairement inaccessible alors que tous les opérateurs étaient au courant de leurs obligations légales et ce dès 2005. Arrivé en 2015 ou en sont-ils ? Manifestement pas très loin pour ne pas dire presque nulle part.
Sur cette responsabilité, rien ! Motus et bouche cousue ! L’écran de fumée est presque total.
Stratégie bien connue lorsque l’on porte une responsabilité dans un fiasco et que l’on ne veut pas l’assumer alors on pointe du doigt un autre acteur pour se « justifier ». C’est ainsi que la FNTV fait remarquer dans un superbe esprit d’analyse que les services de transport (véhicules, infrastructures, etc.) ne seront pas accessibles en février 2015 alors, pourquoi devraient-ils l’être ? C’est vraiment trop injuste !
Puis, on essaie de jouer la pression sur les autorités : d’accord si vous maintenez votre obligation d’accessibilité pour 2015 alors on ne pourra plus rouler et tous les élèves seront privés de transport. Voila où on en est avec votre intransigeance d'[accessibilité] !
Résultat, il vous reste, vous les autorités, a nous fournir une dérogation qui puise nous permettre de ne pas répondre le plus légalement du monde à l’obligation qui était nôtre. La boucle est bouclée, dossier suivant, il n’y a plus rien à voir!
Mais stop. Pas trop vite ! Manifestement cette jolie déclaration médiatique ne semble pas poser les bonnes questions, alors nous allons jouer à l’empêcheur de tourner en rond et allons le faire à leur place.
1. Connaissiez-vous votre obligation de mise en accessibilité dès 2005 ?
2. Quelles sont les mesures et le planning précis mis en œuvre dans le secteur pour répondre à vos obligations (plan de développement, quantification, financement)?
3. D’ou provient l’absence de résultat ?
4. Quelles mesures de rattrapage avez-vous pris pour atteindre les objectifs fixés ?
5. Il semble donc qu’en 10 ans vous n’avez pas vraiment vraiment, pourquoi ?
6. Qui en porte la responsabilité ?
7. Comprenez-vous qu’une obligation légale n’est pas une option ?
8. Comprenez-vous que ne pas mettre en œuvre les moyens nécessaires pour répondre à la loi sur une décennie n’est en aucune façon justifiable ?
Et enfin, question la plus importante :
9. Pourquoi ne semblez-vous pas vraiment, mais alors vraiment pas perturbé de laisser majoritairement sur le trottoir les élèves en situation de handicap au mépris de soucis d’équité de traitement ?
En réalité, messieurs, mon analyse personnelle est plus triste et surtout beaucoup plus dérangeante : les transports scolaires ont manifestement vécu l'[accessibilité] comme trop contraignante, une chose devant être remise aux calandres grecques car financièrement pénalisante.
Comme beaucoup d’autres acteurs, et ce n’est pas très original comme approche, vous vous êtes conforté dans l’idée que lorsque l’on arriverait après 10 ans pour analyser les progrès (ou l’absence de progrès) réalisés que les autorités seraient forcément et impérativement obligées de revoir leur copie, d’accorder de nouveaux délais ou de nouvelles dérogations qui vous permettrait de ne pas encore tenir en compte le cadre du handicap.
Ceci est déjà arrivé de nombreuses fois dans le passé alors pourquoi pas encore cette fois ?
Malheureusement il n’était pas réellement prévu que l’OBIACU déclare vraiment vouloir garder la date butoir de 2015 qui a été prévue voici 10 ans.
Disons le tout de go faute de trouver un terme plus léger : Vous laissez poindre un petit « chantage » sur les autorités en déclarant à l’opinion publique que si l’on désire l’accessibilité à tout prix alors on ne roulera plus du tout, tout un secteur économique sera mis à mal et les élèves resteront la ou ils sont.
Tous les parents qui ont un enfant en situation de handicap, tout le secteur social et toutes les personnes qui ont un quelconque souci du bien être public et de l’équité de traitement au sein de services apprécieront sans aucun doute à sa juste valeur votre déclaration basé sur un raisonnement toutefois si prévisible !
Toutefois il existe bel et bien des autocaristes qui ont pris en compte la problématique du handicap, ont accepté la charge financière qui en résultait dans le but très apprécié d’offrir un service de plus en plus de qualité et équitable pour tous. Que ceux-là en soient ici remerciés !
Enfin, comble d’ironie, j’adore le slogan de la FNTV apposé sur son site Web et qui déclare : A VOS COTES POUR AVANCER ! J’arrête donc ici sur ce beau slogan mon billet d’humeur.
Source : Handimobility
[accessibilité]: /infos-pratiques/glossaire-de-laccessibilite/accessibilite/