Jeudi 14 mars je suis allé à l’Hôtel-Dieu rencontrer les designers.
Les aveugles doivent y aller accompagnés, la déambulation n’est pas faite pour nous.
Cependant la visite et les rencontres sont très intéressantes. Comme je suis babard ainsi que les designers, je n’ai pas eu le temps de tout visiter. Par contre je ne regrette pas d’y être allé pour porter notre message sur l'[accessibilité], il y en avait besoin, ce n’est pas bien leur priorité… En discutant avec eux, ils reconnaissent la nécessité d’envisager tous les handicaps, ça vient petit à petit…
Par exemple, ci-dessous quelque chose qui est du mobilier urbain doux, parce que conçu comme un gros galet bien arrondi sur le pourtour et assez plat sur le dessus pour poser son séant… Ce banc n’est pas du tout agressif et même si on s’y cogne, on ne se fait absolument pas mal. Il est comme une chose très naturelle posée là et qui nous invite à l’utiliser. Un logement permet d’y déposer des livres à la portée de tous pour un partage… Voici ce qu’on lit sur le site Internet de Lyon city design :
> Benjamin Rousse
PROJET
Le banc galet est un espace de repos, une échappatoire à travers des formes
sobres. Dans son ouverture vient se loger un objet à faire découvrir et à
échanger. Le mât en bois, sur le côté, est idéal pour suspendre des
vêtements, fixer un panneau photovoltaïque pour récupérer la lumière le jour
et la diffuser la nuit et peut enfin se moduler en branche signalétique à
visée informative.
Maintenant un projet qui ne me convient pas parce que trop anguleux, trop “embucheux”, bref une source de problèmes pour nous, les aveugles. De plus cette chose en alu n’est pas très esthétique, elle reste froide…
Voici ce qu’on lit sur le site :
> Adrian Blanc
PROJET
Réunis pour manger un sandwich, pour se poser ou contempler quelques
instants le bouillonnement humain, les Lyonnais délaissent les bancs pour
leur préférer des marches. Cly, Les Marches de Lugdunum est une invitation à
cette pratique, proposant quelques marches sur lesquelles le citadin peut s’asseoir.
> La forme en arc de cercle est un clin d’oeil au théâtre antique de Fourvière
qui, depuis des siècles, fait partie intégrante de l’identité lyonnaise. A
mi-chemin entre le banc et la montée d’escalier, cette installation est une
manière de concilier l’histoire et la vie contemporaine de la cité.
Maintenant un objet qui sert à se poser, c’est à la base une sorte de demi tonneau en métal bien arrondi, envitron 80 cm et en son centre un tube métallique qui constitue le tronc d’un arbre avec des branches qui portent des lumières, lire le descriptif ci-après. L’intérêt de cet ensemble c’est que l’on ne peut pas se cogner dans les branches, elles sont assez hautes et le socle étant rond, il ne blesse pas. On peut s’y asseoir tranquille…
Voici ce qu’on lit sur le site :
> Beau & Bien
PROJET
L’Arbre de Lumière ? Un lampadaire moderne à LEDS pour une lumière
respectueuse de l’environnement et fabriqué en France pour réduire l’empreinte
carbone.
> Le postulat ? Réintégrer des espaces de convivialité dans la rue : Sylvie
Maréchal a donc imaginé un lieu qui abrite, puisqu’abriter c’est rassembler.
Ainsi est né le projet de l’Arbre de lumière, où se réfugier pour fuir les
intempéries (pluie, neige, soleil). A cette fonction s’ajoute celle d’éclairage :
il apportera une ombre colorée qui se projettera sur le sol dans la
journée, grâce à la lumière du soleil, qui jouera avec la transparence de la
matière et qui illuminera les nuits. Pour LYON CITY DES!GN, Fermob s’est
associé à Beau & Bien pour conceptualiser un prototype de l’arbre de
lumière.
Maintenant j’ai eu une pensée pour une adhérente de PVV avec la sécurisation du chantier en bas de chez elle. En effet, le bureau d’étude IDEA MSc In avec Camille Pierre comme designer a mis au point “Traboulina”. C’est un ensemble de tubes à assembler pour construire une palissade avec deséléments de protection en matière récupérables. Au sol pour stabiliser l’ensemble, des plaques alu recouvertes de dalles caoutchouc pour amortir les bruits, faciliter la déambulation et peser pour maintenir la structure en place…
Cet ensemble est adaptable partout facilement et plutôt que d’avoir des barrières en tôle où on peut s’accrocher, se faire mal et inésthétiques, cette protection est plus douce et plus agréable à toucher et à regarder pour ceux qui peuvent… Cette approche va complètement avec le projet de la société que deux adhérents de Point de Vue sur la Ville sont allés voir à Vénissieux.
Maintenant c’est le tour des vélos, des designers ont mis en forme des petites structures pour mettre sous protection les vélos des particuliers en ville. Chacun sait que l’on ne peut pas laisser son vélo devant un magasin le temps de faire son achat… Alors des abris d’environ 2m de long, 1.20 de haut et 60 cm de large peuvent recevoir un vélo le temps nécessaire à son stationnement. Cet abri est verrouillé par carte magnétique obtenue par abonnement… Passons sur les modalités, j’ai surtout insisté sur l’encombrement de ces modules et la nécessité absolue que les angles ne soient pas agressifs et qu’il n’y ait aucune tôle saillante et tranchante.
Cette remarque est consignée par écrit sur leur registre de remarques… Ce genre d’abri ne peut s’intégrer qu’à un projet de reconstruction pour ne pas venir encombrer encore plus le cheminement déjà existant des piétons…
Maintenant nous voilà avec les écrans, le digital et le numérique. Ils ont tout faux, nous sommes oubliés partout… J’ai visité deux projets :
– Le premier concerne une liaison par écran entre les habitants d’un immeuble, entre gens de la rue et au plus le quartier. Ces écrans permettent à travers des applications de proposer des services, des infos, des rencontres, bref tout ce qui fait du lien social… Tout est visuel et tactil. J’ai donc ramené ma fraise en leur demandant si il était prévu une vocalisation de leur bazar, et bien non, ils n’y avaient pas pensé. Nous avons échangé sur le sujet et du coup ils vont revoir leur interface pour que ce soit possible pour les concernés…
– Le deuxième concerne le bureau d’étude ID avec le disgner Christophe Jouin qui a travaillé sur un abribus à Paris place de la Bastille. Cet abribus a été testé pendant une année. Ce projet rentre dans le cadre d’un appel d’offre de la ville de Paris pour ce qu’il était possible de présenter avec le digital et le numérique dans la rue… Ce designer s’est intéressé aux abribus qui deviennent avec des écrans, des bornes wifi des prises USB de véritables lieux communicants. Une fois son exposé terminé, le temps des questions est arrivé, je me suis exprimé :
“Les aveugles prennent les transports en commun, où en êtes-vous de la vocalisation des informations des horaires, temps d’attente et annonce des bus à l’approche dans votre projet ?”
Et bien rien de fait parce que le son dans les abribus n’était pas souhaité par le commanditaire, c’est-à-dire la ville de Paris.
Par contre la sonorisation intéresse le designer et il est intéressé pour que ces informations soient accessibles, c’est faisable.
Les déficients visuels ont encore du travail pour que les autorités politiques les entendent.
En conclusion, ce parcours a été très enrichissant, pour moi comme pour les designers qui sont très ouverts. Les échanges sont souhaités par eux.
Mon seul regret c’est de ne pas avoir eu le temps d’en voir davantage.
C’est pourquoi si des adhérents à PVV sont intéressés pour y aller, ça vaut le coup et ça complèterait la découverte…
Source : [Lyon City Design])